
L’écuyer n’est malheureusement pas présent sur la photo. Découvrez de qui il s’agit à travers l’histoire de cette photo.
Une journée pluvieuse
Au sommaire
Cette matinée avait débuté dans un vrai temps d’automne. Je me souviens il faisait froid et venteux. Je n’étais pas spécialement bien habillé et surtout pas de manière très étanche à l’air. En marchant sur le chemin, je m’étais dit que cette matinée ne serait certainement pas longue car après quelques dizaines de minutes déjà hors de la voiture je commençais déjà à frissonner.
J’étais en train de me demander quel serait le meilleur endroit pour photographier un cerf durant le brame. J’allais rentrer dans une grande sapinière. Tant mieux, le vent soufflera moins sous les arbres. Afin de limiter l’effet du vent, je décidai de prendre le chemin dans la sapinière sur ma gauche. Elle était plus touffue et allait offrir une meilleure couverture.
L’écuyer…
Je continuais à progresser à travers les grands conifères. Le vent commençait à se calmer et les oiseaux recommençaient doucement à chanter. La forêt paraissait d’un coup moins austère. Petit à petit, les frissonnements diminuèrent. Certainement l’effet de la marche qui réchauffait la couenne 🙂 .
J’allais arriver à mi-parcours avec tout mon barda. J’avais déjà mon appareil à la main et j’étais déjà camouflé, comme toujours. On ne sait jamais ce que l’on peut croiser.
Entre parenthèse, personnellement, je suis aussi heureux de voir un beau Rouge-Gorge qu’un Renard ou une belle fleur. Même si la vue de certains animaux procurent encore plus de plaisir, je vous l’accorde 😉 Il y a toujours quelque chose à raconter lors d’une sortie photo de toute façon. Même si on ne voit rien. Les odeurs, l’ambiance, le calme, …
Fermons cette parenthèse et retournons dans la sapinière. J’étais sur un terrain légèrement en pente et je progressais vers mon lieu d’accueil pour la matinée. Tout à coup, j’entendis un bruit de branches remuées sur ma droite. Dans le calme de la forêt, je fus surpris et cela me glaça le dos tant le bruit était proche. Je tournai la tête, leva l’objectif par réflexe et vu passer un missile roux à travers les arbres. Un renard dévalant à pleine course la pente.
Mince ! Je suis repéré. J’avais dû mal observer et il se trouvait certainement tout proche de moi. Je n’aime pas déranger mais là, c’était trop tard. Tant pis, peut-être avais-je réussi à capter une belle image de ce canidé en pleine course. Je regardai vite sur l’écran de mon reflex, pas de chance, il y avait beaucoup d’arbres et l’autofocus n’avait pas accroché le renard. Je n’eus pas le temps de vérifier toutes les photos de la rafale que j’entendis des pas lourds sur ma droite, d’où venait Maitre Renard.
…Suivi du Roi
Je levai la tête et vu celui que j’étais venu rencontrer. Un gros dix cors. Majestueux, imposant, un tantinet hautain. Il était là, à côté de moi. Le temps s’arrêta. Il ne m’avait, semble-t-il, pas vu car il continuait sa descente gentiment sur les traces de Goupil, au petit trot.
Très impressionné et un petit peu apeuré (nous sommes quand même en période de brame), je m’appuyai contre le sapin derrière moi. J’avais toujours l’appareil entre les deux mains. Je levai doucement l’appareil pour ne pas me faire repérer, fit la mise à point et pressa le déclencheur. Le mode rafale s’enclencha. Saperlipopette (pour rester poli :)) je n’étais pas repassé en déclenchement normal. Cette deuxième erreur allait-elle provoquer la fuite de mon deuxième sujet ?
Il se figea net sur le son de l’appareil, observant vers moi d’un regard inquisiteur. Les oreilles pleinement relevées, il cherchait d’où pouvait provenir ce bruit inconnu. Il retourna la tête pour humer l’air. Je déclenchai une seconde fois. L’occasion était trop belle, Ce Cerf Elaphe était à 15-20m de moi. Il retourna la tête vers moi en une fraction de seconde.
Je ne bougeais plus, je me demande même si mon cœur ne s’est pas arrêté de battre. Je tentais de disparaitre. On était pendant le brame et je n’avais rien pour me cacher à l’exception de mon camouflage. J’avais de grosses appréhensions. Je ne savais pas ce qui allait se passer car il ne me lâchait pas des yeux.
Combien de temps cela a duré ? Une minute ? Cinq ? Dix ? Je ne pourrais pas vous le dire.
Le cervidé a finalement tourné la tête vers la gauche, vers la droite puis a continué sa route sur la trace de son écuyer.
Les jambes flasques
Une fois le mammifère disparu dans la brume naissante, je suis resté quelques secondes à souffler. Je me suis ensuite assis le long de ce sapin pour vérifier les photos prises. Elles étaient bonnes!
J’ai rangé l’appareil dans le sac et suis retourné à la voiture. J’avais les jambes en coton. Je tremblais légèrement mais bizarrement, je n’avais pas froid. Je pense que les nerfs se relâchaient.
Heureusement que j’avais la Ghillie. Avec le recul, je me dis que ce n’était pas une bonne idée de déclencher une deuxième fois. Cela aurait même pu être dangereux. Le brame est une période de l’année où les cerfs sont vraiment au taquet. En effet, même si la période dure quatre ou cinq semaines, la biche, elle, n’est féconde que 24 heures. Voilà pourquoi il est primordial de se faire le plus discret possible et surtout, de rester sur les chemins !
Une petite explication
J’ai parlé ici d’écuyer et de seigneur. En fait, lorsque j’ai raconté mon histoire à un vieux chasseur et homme des bois de toujours, il m’a expliqué que c’était une technique occasionnellement utilisée par les cerfs pour déceler les dangers. Suivre un renard ou un autre animal et voir ce qui lui arrive pour pouvoir rebrousser chemin en cas de situation anormale. Il a conclu en me disant : Ton cerf utilisait un écuyer !
Et pour finir…
Comme toujours, si cela vous a plu, n’hésitez pas à mettre un commentaire ci-dessous, à aimer la page sur Facebook, partager mes publications, … Cela est important pour moi car cela fait connaitre mon travail et surtout cela me permet d’évoluer. 🙂 Prenez également le temps de faire un petit tour sur la galerie d’images Merci !